Folie

Puisque le bon sens tient à l'expérience, l'honneur en doit-il revenir au sage qui n'entreprend rien, tant par modestie que par timidité de caractère, ou au fou qui est exempt de modestie et ne saurait être timide, puisque le danger n'est pas connu de lui ? Le sage se réfugie dans les livres des Anciens et n'y apprend que de froides abstractions; le fou, en abordant les réalités et les périls, acquiert à mon avis le vrai bon sens. Homère l'a bien vu, malgré sa cécité, lorsqu'il a dit : « Le fou s'instruit à mes dépens. »


Érasme, Éloge de la Folie, XXIX
Homère, Iliade, XVII, 32