Puisque le bon sens tient à
l'expérience, l'honneur en doit-il revenir au sage qui n'entreprend
rien, tant par modestie que par timidité de caractère, ou au fou
qui est exempt de modestie et ne saurait être timide, puisque le
danger n'est pas connu de lui ? Le sage se réfugie dans les livres
des Anciens et n'y apprend que de froides abstractions; le fou, en
abordant les réalités et les périls, acquiert à mon avis le vrai
bon sens. Homère l'a bien vu, malgré sa cécité, lorsqu'il a dit :
« Le fou s'instruit à mes dépens. »